GreenTech Forum 2024 : les tendances du numérique responsable
Publié le 29 novembre 2024 • Par ConsertoCette nouvelle édition du GreenTech Forum nous permet une fois de plus de mettre l’accent sur les grandes thématiques abordées par les professionnels du numérique responsable. Retrouvez dans cet article nos rapides résumés et les ressources associées.
Un article de Benoit Prieur, Milena Pichon et Nicolas Plougastel.
L’impact du numérique n’est pas que carbone
Aujourd’hui, l’évaluation multi-critères du numérique fait consensus. Se pencher sur l’impact carbone du numérique n’est plus suffisant.
De nombreux experts du sujet préconisent ainsi l’approche multi-critères (Product Environnemental Footprint européen), ainsi que l’approche ACV, afin de mieux comprendre les sources des impacts environnementaux.
Focus sur les besoins métaux et minéraux de l’industrie
Ce thème s’est avéré récurrent lors des conférences du GreenTech Forum 2024 : un focus qui s’explique certainement par la parution récente de l’étude de l’ADEME sur les besoins en métaux liés au numérique.
On note que pour les métaux majoritairement utilisés dans l’industrie numérique, les filières de recyclage sont souvent inexistantes. Il serait techniquement possible de les récupérer, mais l’équation économique n’est pas favorable.
Quelques données
Il est donc plus que jamais nécessaire de rallonger la durée de vie des équipements, et ne pas avoir peur de parler de la nécessité de ralentir.
L’économie sociale et solidaire doit être développée, et la règlementation doit pousser dans ce sens.
Nous vous conseillons de lire :
- ADEME, Etude numérique et métaux, Impacts environnementaux du numérique et besoins en métaux
- ARCOM/ARCEP, Étude de l’impact environnemental des usages audiovisuels en France
Les nouvelles règlementations : CSRD et CS3D
Définitions
Il est facile de les confondre. La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) établit le cadre du reporting en matière de développement durable, tandis que la CSDDD ou CS3D (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) se concentre sur la responsabilité des entreprises. Cette dernière impose un devoir de vigilance aux entreprises, visant à identifier, prévenir ou atténuer les impacts sociaux et environnementaux tout au long de leur chaîne de valeur.
CSRD
Les entreprises capables de bien avancer sur la CSRD ont mis en place des équipes projets dédiées, notamment en impliquant les services financiers.
Elles priorisent les enjeux et n’exploitent donc pas les 1200 points de données CSRD. Il ne faut pas surestimer la quantité de données à récolter et à auditer. La CSRD est avant tout un exercice stratégique et une opportunité, un investissement qui peut aider une entreprise à progresser sur sa résilience.
CS3D
La CS3D entrera en vigueur à partir de 2027, pour les entreprises de plus de 1000 collaborateurs. Elle met en œuvre une obligation de moyens sur la chaîne de valeurs dont elles sont tenues responsables, contrairement à la CSRD qui s’axe davantage sur la transparence. Elle se décline au niveau d’un plan de transition climatique et de l’analyse des impacts climat et humains.
Il existe déjà un fossé entre les structures les plus matures, qui se sont basées sur leur stratégie RSE et qui l’ont adaptée, face à celles qui débutent et qui doivent donc mettre en place une équipe projet pour suivre et déployer ces directives.
Double matérialité
Matérialité d’impacts positifs et négatifs (environnement et société)
Matérialité financière (risques et opportunités autour des thématiques ESG)
L’identification des thématiques permet de faire le tri pour savoir sur lesquelles communiquer de l’information. Il s’agit donc d’un bon point d’entrée à la CSRD.
Par où commencer ?
Pour les entreprises du numérique, il s’agit de dégager chacun des thèmes (climat, économie circulaire, salariés, chaîne de valeur, CS3D…) et de faire le lien avec leurs activités.
Il faut se poser des questions sur les pratiques, les offres et les services.
À partir des thèmes sélectionnés, il devient possible de savoir sur quels points de données récolter de l’information. En moyenne, les entreprises en traitent 800, majoritairement qualitatifs.
Une baisse des ambitions
On peut considérer qu’en matière de Numérique Responsable, il existe 3 niveaux d’intégration en entreprise :
On note une stagnation de l’éco-conception des sites corporate et une baisse de l’éco-conception des sites e-commerce (même s’il existe néanmoins de gros écarts entre les sites d’une même catégorie).
Plusieurs éléments contextuels peuvent l’expliquer :
- La tendance internationale n’est pas bonne, et l’Europe et la France ne font pas exception.
- Les enjeux de compétitivités prennent le pas sur les enjeux RSE.
- On ne parle plus de green deal européen mais de clean industry.
- La CSRD est remise en cause, notamment par la France qui veut demander un décalage de la mise en œuvre.
- Dans les entreprises, même s’il y a des personnes engagées, la majorité ne s’engage pas dans des comportements vertueux.
Certains sites ont ainsi réalisé leur refonte mais avec une note d’éco-conception en forte baisse.
Le Baromètre 2024 de l’éco-conception digitale, par Razorfish et GreenIT, vient mettre en lumière ce phénomène.
Il devient donc plus que jamais nécessaire de sensibiliser et de mobiliser les bonnes volontés, afin de reprioriser à nouveau l’éco-conception des sites et applications dans leur ensemble.
Nous vous conseillons de lire :
- Razorfish/GreenIT, Baromètre 2024 de l’éco-conception digitale
Et l’IA, dans tout ça ?
Un impact gigantesque
L’impact carbone d’une requête ChatGPT, c’est 7x le poids d’une requête Google.
L’IA est en effet, de manière générale, très consommatrice de ressources (eau, électricité, datacenters…)
Les entreprises font aujourd’hui face à des injonctions contradictoires, entre numérique responsable et IA, sachant que la priorité pour de nombreuses structures est encore de digitaliser les process.
Une approche multi-disciplinaire est donc nécessaire dans le monde, pour anticiper les potentiels dommages des dernières innovations, notamment autour de l’IA, avec des obligations légales, techniques et politiques.
25% des personnes sondées disent utiliser une IA (+9% vs 2023).
Les IA textuelles
Du côté des IA textuelles, il faut distinguer les IA assistants (GPT, mistral..) des IA de search (gemini, copilot..)
Les IA de search ont l’impact le plus important, en tant que “supers” moteurs de recherche, proposant des contenus enrichis.
Bonne pratique :
- Le gros de l’impact se joue au 1er prompt. Mieux vaut faire un prompt complexe que 5 prompts simples.
Les IA créatives
Pas de surprises, elles pèsent très lourd par rapport aux IA textuelles, mais il y a là aussi des écarts importants.
Un réel atout dans les vrais cas d’usage
L’IA peut aussi s’avérer très utile, à travers du monitoring de satellites, des mesures météorologiques, des data agricoles… Elle doit être utilisée à bon escient et peut ainsi être un réel atout pour automatiser les processus.
Ainsi, une expérimentation autour de l’IA frugale débute : un 1er jalon vers un travail purement international.
Menée par ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, l’AFNOR Spec 2314 met en lumière des méthodologies de calcul et des bonnes pratiques pour mesurer et réduire l’impact environnemental de l’IA.
Nous vous conseillons de lire :
- Razorfish/GreenIT, Baromètre 2024 de l’éco-conception digitale
- AFNOR, Spec 2314
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